jeudi 13 octobre 2022

Sunn O))) - (2000) ØØ Void


sunn O))) n’a rien inventé. Et l’existence même du groupe fait foi. Projet hommage assumé au groupe Earth, les anciens du génialissime Khanate et du culte Burning Witch s’allient pour former un projet de ce que personne n’appelait encore Drone Metal. La hype viendra vite, contre toute attente, à grand coup de concerts jusqu’en boutistes au sons sur-saturés, visages encapuchonnés et puissance sonore proche du viol. Du mystère, une plastique obtuse, un parti pris arty, LE truc que tout les gens un tant soit peu cool connaissent mais trouvent vachement underground.

Donc, ils n’ont rien inventé mais serait-ce une simple occasion de mettre en lumière l’obscur mentor sus-cité ? Le groupe chipe le nom d'une célèbre marque d’ampli pour devenir l’étoile dans le ciel noire des guitares lentes ? Car s’ils rendent hommage, ils poussent la formule encore plus loin, en un monolithe d’échos, de feedbacks et de modulations, totalement dépourvu de percussion ou de rythme, au-delà du raisonnable, au-delà du mur du son. Rock’n’roll. Le volume sonore, outre la puissance que l’on est libre d’y appliquer ("Maximum Volume Yields Maximum Results" indique très justement le livret), est proprement hallucinant. Un véritable monolithe de sons et de saturations s'abat sur l’auditeur. Un mur des lamentations, ponctué, dans le paysage lointain, de dissonances industrielles, lancinant. Il ne s’agit pas d’un simple exercice d'échantillonnage de bruits blancs, on parle bien de compositions à part entières, intrinsèquement menaçantes, inquiétantes, abasourdissantes… heavy. Les couches de matières noires se superposent, se complètent ou s’annulent et grouillent sur cette charogne nommée Richard.

Tantôt épique comme la nique, un morceau comme NN O))) s’écoute comme un hymne à la gloire de l'apesanteur. Des chants incantatoires compriment tous les péchés du monde en un bloc et le laissent s’écrouler sur l’humanité. Ou serait-ce quelques prières pour sauver nos pauvres âmes ? Peut-être dans le morbide vent purificateur de Ra At Dusk, tellement heavy, avec ce gros riff immensément pondéreux, qui évoque les Melvins quand ils collaborent avec Lustmord. Bref, que de l’amour.

Pour faire de l’improbable avec du curieux, le duo glisse une reprise (oui, une reprise) des Melvins (encore eux), Rabbit’s Revenge, un titre parfaitement inconnu que le trio de Washington jouait live à ses tout débuts. D’où les deux en toges ont sorti ce titre reste un mystère mais le résultat (de 14 min) se veut au final le plus étrange de la galette, dans lequel on reconnaît cependant les riffs griffés King Buzzo, passé au rouleau compresseur avec un groupe propulseur Red Bull Power Train (foutez-moi le copyright où vous voulez) et durant lequel on peut même brièvement entendre l’original samplé en surimpression. D’accord.

Un premier effort clairement réussi. Un feeling incroyable et une vraie volonté de composition. Une approche à la fois relativement intègre et relativement accessible (on reste loin du drone d’un Charlemagne Palestine) mais qui peut sembler redondant par manque de variété. Le projet creuse le lit dans lequel il va dorénavant se coucher et y faire des cauchemars variés.

A-
(vroooooooouuuuuum...)

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