vendredi 2 septembre 2022

Slipknot - (1999) Slipknot

 


La nature même de la création de cette nonette fut chaotique (changement de line-up incessant, désintérêt des majors, aller-retour en studio, prestations live agressives). Réussissant à mettre en boîte quelques démos et un mini-album, Mate. Feed. Kill. Repeat. (chronique ici), le groupe de Des Moines finit par tomber dans le giron du producteur Ross Robinson. Ce dernier se voie convertit en assistant aux prestations scéniques du groupe et accepte de produire ce premier album avec pour objectif de transposer ce chaos primordiale en disque qui tourne rond.

Pour y insuffler la vie, le producteur spécialiste néo-metallique (il est déjà derrière le succès de Korn) ne veut retenir que l’aspect le plus spontanée, virulent, déchaîné du groupe, en mettant bien en avant ce son “nu”, si vendeur. La formation se retrouve en studio avec un cahier de charge serré, un album complet à remplir et la nécessité de repenser sa vision artistique en faisant une croix sur ses velléités funk et ses inspirations Mr. Bungle-iennes (en témoigne Only One qui perd toute créativité au lavage).  Pour ce collectif à l'orée de sa carrière, c’est beaucoup et ça se ressent.


Les morceaux, très courts (une moyenne de 3 minutes), reposent sur de vraies idées mais rarement sur une écriture profonde. On a parfois l’impression qu’on part dans tous les sens sans se demander où on se rend, pour un résultat parfois juste défoulant (Surfacing, Liberate, Eeyore, (sic)) mais parfois juste stérile (Diluted, Me Inside, Get This).

De l'autre côté de la pièce, notons quand-même quelques morceaux plus aboutis…

Eyeless avec son refrain bourrin et son intro drum’n’bass.

L’archi-tube Wait And Bleed : groove, break de feu et mélodie imparable.

Spit It Out, autre grand tube, avec son phrasé rap, ses sonorités nu metal et sa rythmique remuante.

Purity, de son côté, envoie un son lourd, à la basse bien ronde, que contrebalance un refrain en chant clair. Un morceau accrocheur qui évoque déjà un certain Left Behind.

Joey Jordisson fait des merveilles derrière ses fûts et Robinson ne s'y trompe pas, le sur-mixant sans vergogne. Corey Taylor quant à lui a encore beaucoup à développer et montre un visage plus accrocheur mais un panel moins large que son prédécesseur, bien qu'il livre une prestation honnête et déchainée. Un constat également applicable à l'ensemble de ses collègues qui semblent parfois même en régression, un peu comme ses guitares accordée très bas qui fournissent le riff minimum, "straight to the point".

Slipknot étant également un groupe à ambiance et ce premier album n’en manque pas. Prosthetics ou Scissors, viscéraux et cérébraux, dont une production poussive entache parfois le feeling, entame sans honte cette tradition. Il est amusant de constater, sur le second, un chant et une ambiance très proche d'un Korn des premières heures.


En résumé, un album aussi défoulant que agaçant qui recèle autant d'actes manqué que d'uppercuts bien sentis. Cette écriture dans l’urgence du studio, cette obstination à la brutalité et cette production au nougat (riche, sucrée et parfois écœurante) ouvrira au groupe les voies des charts du monde entier mais le condamnera à la répétition et aux approximations artistiques. Un produit honnête à la sensibilité de grande distribution.

Heureusement, ils n’ont pas dit leur dernier mot.


C++

(tchouk-tchouk, boum-boum)



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