samedi 3 septembre 2022

~X Nine Inch Nails - (2007/11) Y34RZ3R0R3M1X3D (Year Zero Remixed)

 

Novembre 2007 - Sur Discogs

Reznor est en fin de contrat avec son label Interscope et ne rêve que de liberté. Problème : sur papier, il lui reste un album à fournir et comme il a plutôt envie de les envoyer chier, il ne se prend pas trop la tête. Il invite des connaissances, des producteurs et autres remixeurs professionnels à travailler sur les morceaux de son dernier opus, Year Zero, d’en faire une compil et de balancer l’os au producteurs morfals. La démarche est forcée, la conviction abonnée absente. L’espoir reste que ce perfectionniste rechignerait à offrir un torchon au peuple juste par intérêt et qu’il prendrait le projet, si le bras le corps est impossible, du bout des doigts.


Premier constat, aucun doublon dans les titres retravaillés (sur la version CD, celle de référence pour cette chronique) contrairement aux albums de remix précédents. Un bon point car nous avions eux nos doses de Starfuckers, Inc. ou autre Mr. Self Destruct.

La liste des intervenants est presque aussi longue que celle des morceaux présents sur la galette (12 pour 14 morceaux) ce qui devrait assurer une certaine diversité dans les mets.


Saul Williams, le protégé de Trent (pour qui il produit le LP Niggy Stardust) fournit l’entrée avec une version de Hyperpower!, qui n’a pas été retouché d’un son, mais sur lequel l'intéressé badigeonne son flow avec la justesse qu’on lui connaît. Bien que la démarche semble simpliste, le résultat est très énergique et péchu. Plus loins, sa remix de Survivalism, trip-hop glitch propose un vrai re-travail et un résultat efficace voire carrément entêtant. Très bien.

Modwheelmood, le side-project du claviériste live du groupe (Alessandro Cortini), a le coup de main et livre quant à lui une remix vraiment intéressante du monument Great Destroyer en ne se basant que sur son aspect mélodique et une approche etherreal du plus bluffant effet. 

Arrive alors une curiosité. A l’époque de la sortie de ce disque, le site officiel de NIN était devenu un temple tentaculaire pour les fans : une multitude de médias, un forum et un domaine dédié uniquement aux remix de fans. Reznor tombe sur une remix dance de My Violent Heart et décide de l’ajouter au cut final de cette compilation. Il faut bien avouer que cette version est très réussie, une vraie réinterprétation. Ce parti pris dansant est, à part entière, un des visages de ce disque. En témoigne la participation de Ladytron, compagnon de tournée, avec cette savante version techno dansante de la ballade The Beginning Of The End (qui termine sur le motif de The Downward Spiral, clin d'œil sympa). Les bigbeat Capital G d’Epworth Phones et le french funky house (à la Daft Punk) de Meet Your Master pondu par The Faint réchauffent les lombaires et les talons. La version IDM de Me, I’m Not concoctée par Olof Dreijir est plus que osée, le morceau étant pour ainsi dire méconnaissable. Très épurée, tournant pour ainsi dire autour de percussions technos issues de micro-samples de l’original , le morceau s’égare malheureusement sur la longueur (14 très longues minutes !). Ce n’est pas indigent mais pas tout à fait réussi. Côté dancefloor, notons la décevante apport de Stephen Morris et Gillian Gilbert de New Order sur God Given qui est plus un mix alternatif qu’une remix. Une démarche similaire lors de leur deuxième essai, en dessert, Zero-Sum, mais pour un dressage plus réussi.


Dans le registre “passable”, Bill Laswell (qui participe à tous les albums remixs du monde) n’est pas très inspiré sur son mix alternatif de Vessel. Le The Warning de Stefan Goodchild et Doudou N'Diaye Rose se montre plus convaincant avec sa rythmique plus martiale mais son apport quasi nul.

On terminera sur cette offrande très etherreal et dark ambiante d’In This Twilight par l’autrichien Fennesz, au poil, et puis, surtout, sur ce magnifique plat de résistance Another Version Of The Truth du Kronos Quartet avec Enrique Gonzalez Müller, aux instruments à cordes (frottés) tourmentées et ses nappes électroniques inquiétantes. Quelque chose qui ressemble un peu à ce qui a été entendus avec le déjà très beau The Frail sur Things Falling Apart.


Et bien mes aïeux, contre toute attente, que de choses à dire ! Mais pourquoi tant d'indifférence -que dis-je ?- de dédain général ? L’album a souffert de cette vision de brebis galeuses donnée en pâture, la communication n’a pas aidé. La comparaison avec l’arty et visionnaire Further Down The Spiral est encore et toujours inévitable mais n’a plus de sens. Celui-ci est une collection de remix, pas un concept album. Et à ce jeu là, celui avec l’EP de remix qu’avait échut The Fragile est tout à l’avantage du sujet de cette chronique. Facile, je vous l’accorde

Une orientation globale trop dance ? Sûrement, ça ne fait pas très sérieux et on aime bien avoir l’air ténébreux dans la fanbase du groupe. Le choc culturel. C’est oublié l’amour du maestro pour ce style. 

Pour ma part la diversité, l'éclectisme, le fun, certaines audaces, et, tout simplement, la qualité des remixs permettent finalement de passer un agréable moment, certes longuet. Un peu fan-service, c’est évident. Faites vous plaisir, si vous avez aimé Year Zero, ouvrez un peu plus les œillères, laissez frétiller vos genoux et, j’espère que vous trouverez ce que je lui ai trouvé. Sinon, c’est pas grave, hein, c’est peut-être moi qui me trompe.

B
(pour une fiesta de fin du monde)

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