mercredi 31 août 2022

Slipknot - (1996) Mate. Feed. Kill. Repeat.

 


Dans le fin fond de l’Iowa, à Des Moines, cette ville qui servit de théâtre à un épisode ubuesque de South Park (où elle est dépeinte comme arriérée d’une quinzaine d’années) se forme une petite scène musicale, une scène rock et metal où se croisent et s’entre croisent personnes, idées et styles. De cette argile se forme une entité, un certain Slipknot.

Dans cette formation en comité réduit, le quintet tourne déjà et se forge une réputation scénique chaotique et agressive. Très vite sort, le jour d’Halloween, un premier LP pressé à 1000 exemplaires : Mate. Feed. Kill. Repeat.

Bien plus qu’une simple démo, pas assez produite pour être considéré comme un album à part entière, distribué confidentiellement, cette galette sert de carte de visite dont le premier titre, sobrement intitulé Slipknot, met très vite les bases du présent et du futur du groupe : un morceau brut de décoffrage, trop bourrin et haineux pour s’encombrer d’une structure. Un morceau d’ouverture type pour le groupe qui réitéra la démarche avec des (sic) (sur Slipknot), Sarcastrophic (The Gray Chapter) voir, dans une certaine mesure, People=Shit (Iowa).

Au rayon recyclage, Gently est plus heavy, plus lent, plus doom, moins dark ambiant, plus cérébrale, moins aliéné que dans sa version présente sur Iowa, six ans plus tard.

Il se dégage une ambiance très sombre et chaotique mais une ouverture d’esprit assez claire. On retrouve déjà cette basse très ronde, groovy, et un niveau d’écriture étonnement abouti (parsemé de solos guitare, une denrée rare chez les américains).

Le plus étonnant reste finalement ces influences premières du groupe (principalement l’oeuvre de Mike Patton) que l’on retrouve sur des morceaux comme Do Nothing/Bitchslap, death funk metal sombre au final indus, Only One ou Confessions, avec leurs basses endiablées, leur phrasés rapés et leurs moments disco (no shit). Complètement décalées du reste de l’album (ou de la vision qu’on peut avoir du groupe), l'homogénéité est préservée par un son crade et violent.

Épisode second des recyclages, Tattered and Torn, dans une version plus courte que celle connue sur le premier album auto-intitulé, s’affiche plus franche et potentiellement moins tirée par les cheveux. 

Enchaînant un Some Feel qui aurait pu figurer sur une plaque ultérieur de la formation, avec ses breaks bien sentis, l’album se clôture sur un Killers Are Quiet qui n’est rien d’autre que le morceau Iowa avec des paroles différentes. Un morceau déjà très réussi, moins surproduit, plus franc et ce n’est presque pas plus mal, qui se termine en long, trop long, passage indus ambient censé cacher une hidden track découverte sans trop de hasard, un bazar très indus, limite bruitiste, mystérieux, carrément inutile, comme toute bonne piste cachée qui se respecte sur une production 90’s.


Voilà un album/démo finalement riche de ses influences death, nu, groove, indus, funk, jazzy, disco, parfois dark ambiant, et complètement ancrée dans son époque. Le groupe y montre déjà un savoir-faire certain pour créer des ambiances. Le nu metal étant plus vendeur que le funk metal en déclin, la réputation scénique du groupe le précédant, on comprend pourquoi Ross Robinson gardera l’aspect le plus sombre et violent du groupe pour le prochain "premier" album, quitte à envoyer complètement chier l’aspect le plus créatif.

B

(étonnement, peut-être... ou pas!)

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