dimanche 11 septembre 2022

Slipknot - (2008) All Hope Is Gone


Il y a, à priori, des albums pour lesquels on doit accorder plus de temps. Non pas à cause de la nature intrinsèque du disque, ce n’est pas toujours par complexité et austérité, mais à cause de notre oreille fatiguée, inattentive ou tout simplement non avertie. C’est un peu le cas de All Hope Is Gone que je n’ai pour ainsi dire jamais touché pendant plusieurs années avant de, au hasard d’une playlist sur un service de streaming bien connu, replonger le nez dedans et me demander ce qui avait bien pu se passer.

Premier constat à l’écoute, le groupe s’y emploie à montrer leur visage le plus heavy, en prenant un parti-pris moins violent et plus mélodique, plus "chansons" (toute proportion gardée). Bien qu'ils y sont déjà revenu, dans une moindre mesure, sur l'exercice précédent, notons un plus grand nombre de solos guitares (tout en feeling, sans trop de démonstration). Après les escapades aventureuses sur The Subliminal Verses, le groupe a pris goût pour prendre son temps et laisser souffler leurs pièces.

Là où Slipknot s’est toujours affiché sans réelle influence majeure (sauf sur le premier auto-produit et ses influences Mike Patton-ienne), je trouve qu’il est difficile de ne pas entendre l’empreinte de Pantera sur ce disque, pour son côté heavy mais sans concession mais surtout son chant plus hardcore mais sensible. J'appellerai à la barre Gehenna, balade lourde, embrumée, avec son chant qui monte dans les aigus, atypique de Corey Taylor ou du groupe. Je ne peux m'empêcher de penser à des titres tel This Love ou Cemetary Gates, à la fois menaçants et poétiques. Joey Jordison n’en fait pas trop et y reste très juste (il ne sait toujours pas s’arrêter mais reste juste). C’est un point (selon moi positif) récurrent sur l’ensemble de la galette.

Pour mieux illustrer mon propos, outre cette réussite, notons deux autres balades. Snuff, balade rock aux guitares electro-acoustiques, qui renvoie un peu (un peu) à Vermillion Pt. 2, en moins dépouillé et plus grandiose, plus Stone Sour, où le batteur se refrène de toute velléité. Ou le très heavy-FM Dead Memories, très beau morceau, lourd, où l’homme au masque kabuki s'y donne à cœur joie mais ponctue le titre d’un aspect death metal qui contraste avec succès son penchant mélodique.


Les 9 savent toujours écrire des hits metal et ne s’en privent pas avec l’excellent Sulfur et son refrain diablement entêtant ou Psychosocial, un des plus grands succès populaires du groupe, dans lequel ils ont savoureusement bien mis tout en place pour que ça tape du talon. Le morceau d’ouverture, dans la pure tradition des (sic), Sarcastrophic ou autre Slipknot, écume ses plans impétieux avec une maîtrise qui renvoie ses homologues au rang d’épisodes sympas.

Mais il savent encore écrire des choses inédites également, dont ce remarquable Butcher’s Hook, construit presque uniquement sur des contre-temps, ce qui n’est pas sans rappeler la djent en vogue, mené par un refrain nu-metal des débuts du groupes.

Le sardonique This Cold Black sort également du lot avec cette course-poursuite entre les cordes, fûts, groupe et auditeurs, une cavalcade qui m'evoquerait une version extrême et sombre du Surrender d’Elvis Prestley... (ndr : fuck me, right ?)

Dans le mois bon, parlons de Vendetta, très bien écrit pour le live, avec ses changements de tempos et d’ambiances, mais qu’on ne retiendra pas. Wherein Lies Continue et sa belle mélodie vocale, la pièce la plus heavy metal 80’s des familles, souffre de convenance. Rien de honteux à signaler.


L’épilogue éponyme, death metal et rapide à souhait, refrain ample et puissant, vient mettre un point final à une œuvre qui n’aura définitivement pas plus à tous. Certes, le son de la bande masquée est un peu oublié mais la sincérité est palpable. J'aime à envisager ce disque comme une parenthèse plus posée et mélodique, plus nuancé, qui sera quand même l’occasion pour le groupe de livrer des prestations live plus polychromiques. Le niveau d’écritures est très bon et la somme totale de réussites plaide largement en la faveur de cette offrande. Et ne venez pas me parler d’album commercial, ça ne sera jamais un argument recevable.


A-

(vous qui entrez ici, n'abandonnez pas tout espoir)

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