vendredi 9 septembre 2022

Satyricon - (1994) Dark Medieval Times

1994 - Sur Discogs 

La version remastérisée de 2021 ci-dessus sert de référence à cette chronique

La nuit s'épaissit, la rumeur des machines et des âmes se profilent au loin, gonflent. Un violon strident, annonciateur, suit une ritournelle infernale avant de s'évanouir dans  un mur de saturation. Une voix d’outre-tombe, d’outre-temps, le déchire dans une longue complainte. Les orgues (de chez Yamaha) laissent place à quelques obscurs arpèges de guitare mais le mur dévastateur les rattrape. L’album à commencé depuis 3 minutes et le scénario du premier titre, Walk the Path Of Sorrow, n’en est pas à sa moitié. Ce titre cinématographique, captivant, étale ses mille-et-une idées et un sens de l’écriture raffiné. Les riffs sont autant de mélodies et les claviers ornementent les titres sans leur piquer la vedette, leur donnant une infinité de nuances de gris. 

Comme sur l’épique morceau-éponyme, au nom adéquat, les norvégiens arrivent à dégager, sur plusieurs morceaux, une consonance… médiévale. Pas uniquement via cette mélodie hors du temps à la flûte mais également dans ses moments les plus black-métalleux.

La production est absolument dégueulasse mais parfaitement assumée, dans cette vision esthétique propre au black metal de l’époque (ce grésillement, ce n’est pas votre baffle).

Après le rock et ingénieux Skyggedans, Min Hyllest Til Vinterland propose une longue et magnifique pièce de néo-folk qui aurait pu inspirer leur compatriote Vàli.

Le très heavy et black metal Into The Mighty Forest annonce un peu le black’n’roll à venir avec ses riffs gras et volcaniques.

On est si peu dans la démonstration que le groupe à tout le temps de construire ses ambiances et ses compositions alambiquées. Je prends pour témoin le très sympho The Dark Castle In The Deep Forest et ses relents sombres, embrumés, voire horrifiques (qui aurait pu influencer un certain Cradle Of Filth).

Taakeslottet enchaîne les plans furieux et pondéreux sans relâche pour finir sur un moment presque ethereal avant de disparaître dans le néant (ce fondu tout moisi mais, ô combien efficace).


Et merde, c’est déjà fini.

Un grand album de black symphonique ? Non, c’est bien plus que ça. C’est un mélange de tous les genres et tous les adjectifs tirés par les cheveux que je viens d'énoncer sur trente lignes. Un album au son unis, avec ces claviers en toile de fond, mais à la structure protéiforme, dont la production surannée (et la pochette craignosse) le dessert aujourd’hui. Un pur produit de son époque, un black metal païen des premières heures (dans la trempe des Burzum ou Stormblast de Dimmu Borgir, parmi les plus connus). Un premier album qui en impose de par sa maturité, dévoilant tout l’éclectisme et le refus du duo de faire du surplace. Un grand album de metal.


A

(et plein de paint-corpse dégoulinant)



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