mercredi 7 septembre 2022

Converge - (2004) You Fail Me

 

2004 - Sur Discogs - La version Redux sert de référence à cet article

Quand le quatuor de Salem entre en studio pour empaqueter You Fail Me (YFM), ils ont eu plus que l'occasion de roder leurs morceaux dans l’intimité de la tournée Jane Doe, principalement lors de jams à l’occasion des soundchecks. Si vous trouviez le précédent opus compact et sombre, vous serez servis. Effectivement, autant musicalement que thématiquement, YFM s’inscrit dans la continuité de son aînée, morte sans nom. 
Dès First Light/Last Light, avec ses accords de guitares electro-acoustiques, le groupe nous emmène dans une descente infernale. Telle cette main coupée sur la pochette, qui nous tirerait les chevilles vers le néant (et rien ne sert de lutter), Black Cloud nous précipite dans ses orages émotionnels. Le son est plus noir, plus tranchant, plus inquiétant que jamais.
Si les traumatismes enfuis furent mis à nu au cutter, la sortie de Jane Doe ne les auras pas guéri complètement et Bannon tente de panser cette dépression avec des textes toujours aussi lyrique et une interprétation écorchée vive. Il narre ses échecs et ses ratures, sentimentales et mentales, ceux qu’il a infligés aux autres, ceux que les autres lui ont infligés et surtout ceux infligés à lui-même.

La chute sur le très hardcore Hope Street se poursuit, en traversant tout les étages de la remise en question (notons le très heavy Heartless), pour aboutir sur l’excellent sludge You Fail Me, qui se joue de l’apesanteur : toujours plus bas, toujours plus désespéré.
Les musicos sont à leur sommets respectifs et les morceaux, toujours plus compacts, foisonnants, touffus, sont des véritables panoramas d’écritures (l'excellent Drop Out). Mention spéciale, encore une fois, à Ben Koller, batteur de son état, pour sa frappe juste mais complexe.
Pour ratifier ce moment suspendu, plus aériens, s’ensuit la balade poussiéreuse et maladive In Her Shadow. C’est pour mieux nous faire définitivement perdre pied dans la dernière partie du disque, avec ce duo incandescent Eagles Become Vultures/Wolves At My Door qui se complètent mutuellement.
La temporalité à toute son importance sur cette œuvre avec sa construction particulière. Les morceaux s’enchaînent sans temps-morts, sans intro ou outro. La nature des compositions étant versatile, il est parfois difficile de se rendre compte des transitions entre celles-ci. Ce qui contribue non seulement à ce sentiment d’unité dense entre les morceaux, claustrophobique, mais également à cette irrésistible chute, ce sentiment vertigineux, ce fond qui se rapproche inexorablement vers une fin amer.

On termine sur une touche humoristique avec un aller-retour dans la figure : Death King, In Her Blood (qui renvoit à In Her Shadow) et Hanging Moon expulsent leurs rafales métalliques à coup de riffs syncopés. Il est vrai que l'album, dans son unité extrême, tombe à quelques moments dans une certaine redondance. Il s'agirait bien du seul point imputable tant cette plongée dans l'univers de YFM est intense, fascinante et exaltante. Un autre grand disque, un chouïa en deçà de son prédécesseur, du grand standing dans la mâchoire du le reste du monde.

A-
(fuper !)


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