vendredi 26 août 2022

Nine Inch Nails - (1999) The Fragile

1999 - Sur discogs


Trois années et demi s’écoulent entre la fin de la tournée des clubs qui clôtura la promotion de Further Down The Spiral et la sortie de The Fragile (TF). Dans l’entre-faite, Reznor a fait joue-joue avec la B.O. de Lost Highway de David Lynch (pour laquelle il écrit, entre autres, le culte The Perfect Drug, accompagné de son clip qui l’est tout autant). Trois ans et demi, c’est finalement peu pour un double mais c’est une éternité pour les fans qui n’ont jamais attendu aussi longtemps entre deux offrandes du projet. Reznor accouche des 23 titres de la version CD dans la douleur. En proie aux addictions et à la dépression, il passera des heures, des jours et des mois dans son studio à travailler, modifier, recommencer, s’acharner, détruire, recommencer, enregistrer, ... En résulte l'œuvre la plus personnelle du projet à ce jour.

Ce qui manquait à Trentounet pour rentrer dans la légende était de claquer un deuxième chef-d'œuvre mais à contre courant, qu’il brille là où on ne l’attend pas. Il s'exécute. Les instruments acoustiques ou electromécaniques, avec leurs fragilités et leurs aspérités, se substituent au visage le plus indus du groupe. Au lieu de les créer de toutes pièces de façon électronique, le groupe va rechercher les imperfections dans la nature même des cordes. Ce qui reste, c’est cette recherche du son, avec l’utilisation parfois très détourné des instruments ou de sources sonores. Tout au long de ce disque qui se repose entièrement sur les contrastes, certains thèmes, motifs ou thématiques viennent et reviennent, à la volée ou à la dérobée, d’un morceau à l’autre, d’un disque à l’autre.

L’ouverture Somewhat Damaged, avec ce motif rythmique répété, augmenté par de plus en plus d’intervenants, jusqu’à ce final catharsistique, est une véritable explosion émotionnelle.

L’émotion et les contrastes sont les maîtres mots de TF, s’exprimant sous des formes plus ou moins brutes. Comme dans ce The Day The World Went Away, tout en spleen qui nous surprend avec ce mur de son à la puissance dramatique. La charge émotive de We’re In This Together (un grand classique presque jamais joué en live) nous prend à la gorge. Le rock (le tube organique indus The Frail/The Wretched ; le volcanique et rock’n’roll No, You Don’t), côtoie des instrumentaux inspirés, entre trip hop et histoire sans parole (l’intense Just Like You Imagined, le nostalgique La Mer, la décadente procession Pilgrimage). Les balades rock hantées ne sont pas oubliées avec le protéiforme The Fragile, le tout en mesure Even Deeper ou l’absolument sublime The Great Below, qui clôture cette première partie, nommée Left.


Il serait culotté de contredire ceux qui trouvent que Right perd en intensité par rapport à son voisin de digipack. Cependant, ne vous trompez pas et prenez votre temps, car il ne manque pas de bonnes idées et de quelques surprises. L’halluciné The Way Out Is Through (qui rappel un peu le titre The Downward Spiral, surtout dans leur approche live) reprend magnifiquement le sujet là on l’avait laissé. S’ensuit l’hypnotique basse d’Into The Void, le groovy Where Is Everybody ? (un morceau sous-estimé) et l’inquiétant instrumental The Mark Has Been Made. Le easy-listening rock Please ouvre gentiment la voie aux hit rock indus Starfuckers, Inc. (avec son clip bien provoc). L’album se termine sur un instrumental sonic (Complication), et quelques curiosités (dont l’excellente baffe rock The Big Come Down), et ce long et malsain dernier morceau, l’ambiant Ripe (With Decay), un véritable pied de nez, où Mike Garson, claviériste de Bowie, vient martelé quelques notes glaçantes.


Bref, un opus imposant, titanesque, aux multiples facettes, aux multiples contrastes, aux multiples émotions, aux multiples lectures, qui se redécouvre et se laisse redécouvrir longtemps. Un petit suicide commercial et artistique qui sera soutenue tambour battant par une tournée plastique et destructrice, qui représentera aux mieux la vision et les interets de cette (double-)galette. Le temps et une fan-base prédicatrice finiront par éclairer cet album sur sa fascinante beauté, subtilité, variété, fragilité…


A++

(et des bisous partout…)

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