mardi 25 avril 2023

The WRS - (2022) Capicúa



Si tu sors plus de deux albums, en Belgique, t'es obligé d'avoir une couv' d'Elzo (Le Prince Harry, My Diligence, Les Anges,... mais aussi La Femme ou King Gizzard And The Lizard Wizard). C'est fait. Les WRS sont chez les grands. Ils en étaient où encore ? Ah oui : leur surf rock psyché au son garage cra-dingue. Ils reprennent simplement leurs pédales d'effets là où ils les avaient laissés. Mais c'est plus musclé, définivitivement : il faut esquiver les coups, enjambé les solos déchirés, courber l'échine pour ne pas se prendre un reverbe. Car ça part vite, dès le frontal et hypnotique "I Don't Know", direct, plus vraiment psyché, effréné... rockabily. "To Black To White" ou "Do It" enfonceront avec nervosité la baffe, on sait jamais.
Plus verbeux, les textes sont de toutes façon inintelligibles, car on a pas le temps d'écrire ici, on jam. Le plus simple des morceaux sera soit bref, soit à rallonge, laissant libre court à la complicité, au sourires en coin, au frissons dans les reins. C'est un peu comme si la version album, c'était déjà la version augmentée du live. Le stoner "Everyday", avec ses relents Woodstockiens en est l'exemple le plus... suffocant. Vous comprenez, la fumée. 
Peut-être celle du calumet de la paix, celui qu'on se fait passé sur "12 Strings For You", qui goûte la poussière pâteuse du grand ouest, les pleines arides, les cactus, les panchos.
Les namurois nous offrent leur opus nord-americain, entre road trip halluciné et enterrement de vie de garçon qui tourne en eau de vie. Une exploitation plus juste de leur matériel emmène le trio toujours plus loin sur l'horizon frémissant par les rayons de plombs. On claque les 10 dernières minutes sur le ZZ Top sous acide "My Lover's Gone", en souriant de tous ses chico(t)s . Plus sombres, plus sales, plus brillant, moins rigolards, mais toujours aussi fun.

B
(like in a good ol' days, the good ol'days)


lundi 24 avril 2023

Coil - (1987) Gold Is The Metal (With The Broadest Shoulders)


Plus d'un vous dirons que Coil a sortit deux chefs d'oeuvres en autant d'album. La suite se fera attendre. En sortant "Gold Is The Metal", les britanniques veulent laisser de l'espaces à ces morceaux inachevés, ces chutes, ces versions alternatives. Cette compilation serait un package séparé, indique le groupe, une réminisance de ce qui fut. Ils tentent de créer quelque chose de parent, de parralèle, un compagnon à leur deux premiers disques, une retrospective sous un nouvel angle.

Coil, c'est un peu une musique d'ingés sons, la recherche et la manipulation sonore est centrale, pour mieux servir les intentions. La richesse des détails, des textures, comme une œuvre de Yves Klein, offre à un seul motif, un seul sample, de grandes possibilités de recyclage. Écouter le retravaille de ces sons, par soustraction, additions ou superpositions, ne peut être qu'intéressant. En cela, on se rapproche de l'oeuvre de William S. Burroughs (une des idoles de Peter Christopherson) : on découpe, on mélange, on remonte mais les sensations et les significations restent les mêmes, pour un résultat différents. Il est même difficile de faire la gymnastique intellectuelle de se détacher de "Horse Rotorvator", "Scatology" ou autre travaux, oublier ce que l'on sait.

Mais cela se suffit-il par soi même ? Beaucoup de ces mixs alternatifs sont épurés, on y décèle encore nettement les modèles ("Paradisiac" pour "Penetralia", "Red Slur" pour "Slur", ...) mais le résultat doit beaucoup au matériel de base. Parfois on aboutit à des choses vraiment différentes ("Thump", l'excellent "Cardinal Points", le megamix "Chickenskin"). Le pandémonium du disque étant ce retravail, sous forme de tryptique final, de la b.o. de "Hellraiser" d'un côté et "Five Minute After Death" de l'autre, augmenté de nouvelles sections. Très fort. Pour le reste, l'ambiant et la musique concrète se côtoie dans des morceaux souvent trop courts, sans atteindre la profondeur d'antant, fleurissant à peine, sans solidité.

Alors, oui, c'est interessant mais pas très bandant. Si le but était de proposer une oeuvre à part entière, qui se suffit à elle même, ce n'est pas une réussite. Mais cela reste une réécoute curieuse pour le fan (que je suis), mais pas pour tous les voyageurs sonores. Il ne suffit pas de changer le mobilier de place pour rendre les lieux plus ettrayants, ça reste toujours ta piaule.

B-
(i ask my lover "do you know where the desert roses bloom and grow ?")

Oxbow - (2017) Thin Black Duke


J'étais persuadé de ne plus jamais entendre parlé d'Oxbow, après 10 ans. C'est une bonne suprise, certainement, car ce groupe culte aura poussé cette notion à l'extrême. Normalement, c'est la postérité qui fait la renomé d'un groupe, les californiens étaient déjà cultes au printemps de leur vie active. Mais après dix ans, est-ce qu'un homme, et à fortiori quatre, peut-il revenir après avoir vu défilé tant de qualandes et garder le même esprit, la même envie, la même vision ?

Bhin, en fait, oui. No spoil : le premier titre met les choses au claire très rapidement en ouvrant sur tout ce que San Francisco a de plus glauque à offrir. Dans la droite ligné de "The Nercotic Story", ce noise blues continue d'explorer, comme si de rien n'était, le mariage avec l'instrumentation acoustique de type classique. Il s'en émane une musique plus classe et dramatique que jamais, plus guindée, délaissant une image hardcore pour une violence maitrisée, enfilant le chapon melon d'un Alex DeLarge.
Le piano fait des apparations d'autant plus marquantes sur cette galette, rappelant dans son jeu un illustre Nick Cave, mais dans ces douces cacophonies mélancoliques c'est Tom Waits qui, inévitablement, nous revient le plus à l'esprit, comme sur l'excellent "The Upper". Ces infinités de gris strident, ces violents horizons de noir et blanc, ces marées hautes plaintives s'entendent sur le rock jam "Letter Of Note", renforcé encore et toujours par ces instruments frottés. Ou encore sur "The Finished Line" de clôture qui nous glisse au loins vers les abymes célestes, sous les grognements d'agonie de ce grand malade d'Eugene.

L'apport d'une dimension classique ne dénature en rien leur musique, elle la dramatise et l'alourdie encore. Le groupe ne se perd pas dans ces décors : sur l'ambiant "Ecce Homo", il nous rappel les ambiances d'un "Evil Heat". Sur "Gentleman's Gentleman", énergique et surf décadant au chant Patton-ien, et le rock "Host", ils démontrent une envie d'en découdre gouleyante. En somme, on perd en spontanéité ce qu'on gagne en maîtrise. Mais, as trop réflechir, ne perd-t-on un peu d'essence ?
Ils sont frais comme s'ils avaient vingt ans mais sont mûres de tout leur savoir.

A-
(Bending sound, dredging the ocean, lost in my circleHere am I, flashing no colour)

dimanche 23 avril 2023

Front 242 - (1982) Geography


Avant les tenues pseudo-militaire, les provocs, les rythmiques martiales et la légende, les Front 242 l'écrivait déjà. Sur cette première galette, les belges étrennent leurs jouets. Les beats d'enragés n'étant pas encore à l'ordre du jour, il y avait toute la place pour les ambiances et les experimentations. En 1982, quand on fait de la musique électronique, tant reste à faire techniquement que tout reste possible sous les mains averties.
Front 242 tente cette approche rock dans le minimal synth, solutions abrassives dans les vapeurs cold wave, goût métalique dans des effluves froides. Le rapprochement ne doit pas se faire stylistiquement, il n'y a encore aucune trace de rock indus, plus aucune de l'indus séminal, mais un certain motus operandi, une philisophie du non-savant, de la machine en substitut à l'homme. L'EBM est toute proche, la synthpop quelques mètres derrière... Synthrock ? Le chainon manquant entre Gary Numan ("The Pleasure Principle") et Front Line Assembly

Dès lors, la froide musique du futur, riche, justement produite et arrangée, se permet des voyages acides ("With Your Cries"), organiques et ambiants ("Dialogue", "Kinetics"), aux plastiques industriels (les excellents "Least Inklings", "GVDT" et "Art & Strategy), proto-technos ("Black White Blue") ou comateux ("Kampfbereit"), s'imposant instantanément comme des modèles pour leur époque.

De cette collection de courts essais, pour ne rien perdre en fraîcheur et spontanéité, ils se permettent aussi le dansable tube "U-Men", hymne des dancefloor gothiques. Le groupe ne sort pas encore ici son manifeste mais un véritable tour de force. Le moins racé du groupe mais probablement un de leur tout meilleur.

A-
(they seem to live in Panavision
on a TV screen or in a non-stop dream)

lundi 17 avril 2023

Coil - (1986) Horse Rotorvator

 

En entrant, on pourait emprunter le "Anal Staircase" et reprendre là où "Scotology" nous avait laissé : martial, vicieux, pornographe... A y écouter de plus près, le son est bien différents : la prod prend une volée de gallons et les élucubration électroniques surgissent d'une cavité encore plus profonde. On entre-aperçoit même un brin de techno à venir (mais chut, c'est pour plus tard).

Mais dès "Slur", et sa poésie dissonnante, on ne peut que constater le gap, la différence d'inspiration, d'esthétisme, d'ornementation. John a amélioré son chant de manière drastique, il s'accouple à des bidouillages sonores ne collant déjà plus à l'imagerie industrial stricte, développant un univers propre, atteignant une poésie déviante et une beauté décadente. Nous n'entrons pas juste dans une nouvelle annexe mais bien une nouvelle dimension. 
Par la fenêtre, bordant la jetée, ce sont les plages d'Italie, celles de "Ostia", où Passolini se fait assasiné. Cette mélancolie et cette voie solonelle magnifie dans la poésie le meurtre de ce génie, icône d'un esthétisme homosexuel assumé, le sublime et le romanise.

La garçonnière d'antant a été restaurée en atelier. L'électronique est leur instrument, mais le synthétique laisse place à l'acoustique échantilloné, sous une mutlitude de formes, pour autant de couleurs, conférant à leur musique une approche plus savante, plus grandiose... plus convenue ? Non, plus juste. Plus mélodique, rapprochant plus que jamais leur musique, avec ces structures ritual, de celle de leurs compatriotes et camarades des Current 93. Car "Babylero", cette comptine world, la marche "The Golden Section" ou l'excellente reprise à fleur de peau "Who By Fire" (de Cohen) sont moins industrial que neo-folk.
Leur sous-basements formateurs ont été augmenté d'expérience et de savoir faire. En résulte des titres ambiant et ritual maîtrisés : le cinématique "Ravenous", le bruitiste "Blood From The Air" ou l'hypnotisant, fascinant, organique, fataliste "The First Five Minute After Death". Les travaux sur la B.O. de "Hellraiser" n'auront donc pas été vains, s'ils ont permis d'offrir une telle pièce.

Pour finir le tour du propiétaire, notons ce "Penetralia", tour de magick, image réminisante au futur antérieure, ressemblant à s'y méprendre à de prochaines remix, surtout de celles offerte au père Reznor. Un truc qui ressemblent à tant d'autres choses à venir. Pour sa part, "Circles Of Mana", et ses cuivres swing, ses bruitismes bipolaires et ses déclamations d'aliénés, ne ressemblent à rien d'autre. Chic et réussi.
Vous l'aurez compris. Voici leur premier chef-d'oeuvre, une oeuvre d'une poésie fragile et maculée, un rêve pollué. 

A+
(putain que c'est beau)

vendredi 14 avril 2023

Noto - (1996) Spin


Avant la période faste des années 2000 (la série des "Xerrox" ou les collaborations avec Sakamoto), Alva Noto experimente dans le glitch et le minimal depuis le millieu des années 90.
Sur ce premier effort, il travail un point important de son domaine d'expertise, de son oeuvre mais tout simplement de la musique : la temporalité. Via un panorama de 24 titres complétement glitch, assez courts, on ne peut en dénombré que 12 originaux, simplement numérotés. L'autre moitié ? Les mêmes joués plus lentements (ou plus rapidement ?). Ne se perdant pas dans de la simple démonstration, Carsten Nicolai brouille les pistes en mélangeant les morceaux et les versions favorisant le feeling, envisageant chaque pièce comme une fin en soit, il remonte la temporalité (encore une fois) de son album en choisisant son rythme. Dans l'ensemble, le résultat est non seulement interessant mais également heureux, prévilégiant les ambiances (surtouts sur les "Low", correspondant aux edits lentes) via des structures et tempos épurés, répétitifs et techno. L'ingénieuries sonore est évidemment primordiale avec une recherche approfondie sur sa plastique, faisant muter les sons et observant leur rapport entre eux. On notera un peu de field recording pour enrichir l'assortiment acoustique.

Une telle approche me fait songer à d'autres experimentations sur le temps et le rapport à l'oeuvre et son interpretation que l'on peut retrouver, par exemple, chez le cinéaste Michael Snow, avec ses même paradoxe. Le résultat peut-être interessant, fascinant, parfois beau, mais quelque peu chiant également. Car il est autant captivant de voir à quel point la modification d'un seul élément puisse changer complétement le visage de quelque chose, son execution systématique, et donc facile, voir outrancière peut également rendre le débat stérile. En outre, l'homogénéité de l'approche, des couleurs et la répetition des titres (indubitablement) implique une redondance ampoulante. 

Ca ne devrait cacher ce "Spin 01 High" étonnemment dramatique qui en deviendrait inquiétant en "Low"; le "21 High" crépusculaire et naturel et son contre-parti technico-décadent ou encore "22 Low" industriel répondant à un high cinématographique et techno. Vous l'aurez compris, j'adhère à l'expérience, sans donné tout crédit au résultat, et trouve ce manifeste du teuton osé et péremptoire : il est là pour compter et faire avancer le schmilblic.

B-
(the high end of low)

mardi 11 avril 2023

Walpurgis Volta - (1988) Walpurgis Volta


La musique du 20ème siècle fut populaire, celle du peuple, du croquant. Le punk fit l'effet d'un ras de marée car il l'était. Bruxelles n'y échappa pas. Les retombées post furent plus visibles mais il y a forcèment eu un avant. Parmis certains acteurs notables, un certain Bob Seytor sort du lot : d'abord batteur chez les Chainsaw, puis chanteur chez Contingent, il y rencontre Eric Lemaître (guitare). Les deux comparses resteront sur cet acquis et créeront, quelques années plus tard,  l'experience Walpurgis Volta accompagné, entre autre, de Georges Lemaire (basse) (des noms à retenir).

D'ailleurs, on repaire déjà ce jeu de basse funky qui s'oublie dans un frénetisme de rock et de roll. Car même si la guitare ne rate aucune occasion de claqué et de saturé, les riffs acérés des WV sont avant tout éfficaces, entrainants, mélodiques,... C'est pour mieux accompagnés ces punchlines sur la violence, la jungle rurrale, le désespoire, les guerres pscyhologiques ou armée, signées avec vélocité, d'une voie nasiarde, dans un français au léger accent metropolitain, désabusée, criarde, arrogante jusqu'à la vulgarité.

Le quatuor s'emploie a appliqué toute son adresse sur le rockabilly "Roule La Rolls", hypersaturé ; un "Suicide, Suicide" violent et rapide; ou le "Cowboy Solitaire" country dégueulasse et gressillé ; mais aussi le southern rock gutural et noise de "Vietnam Blues" ; encore le F.M. "Le Quotidien" (qui ferait penser à Téléphone) ; ou bien la tension extrême d'un "Regard Glacé" ; et les chaloupements alambiquée des rythmiques reggae (un classique) de "L'Ethylique".
Vous l'avez compris, rien ne pourrait être plus dangereux, plus urbain, plus punk que les bruxellois.
Mais que de fraîcheur, que de haine, que de pisse, que de jeunesse, que d'envie d'en découdre... Une envie qui m'a parfois rappelé les français de Haine Brigade. Le début d'une trop courte aventure en commun pour le groupe, mais le début de diverses carrières qui marqueront la scène de la capitale belge et de son fameux Magasin 4.

B+
(mais ça veut dire quoi walpurgis volta ?)



The WRS - (2022) Capicúa

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