lundi 17 avril 2023

Coil - (1986) Horse Rotorvator

 

En entrant, on pourait emprunter le "Anal Staircase" et reprendre là où "Scotology" nous avait laissé : martial, vicieux, pornographe... A y écouter de plus près, le son est bien différents : la prod prend une volée de gallons et les élucubration électroniques surgissent d'une cavité encore plus profonde. On entre-aperçoit même un brin de techno à venir (mais chut, c'est pour plus tard).

Mais dès "Slur", et sa poésie dissonnante, on ne peut que constater le gap, la différence d'inspiration, d'esthétisme, d'ornementation. John a amélioré son chant de manière drastique, il s'accouple à des bidouillages sonores ne collant déjà plus à l'imagerie industrial stricte, développant un univers propre, atteignant une poésie déviante et une beauté décadente. Nous n'entrons pas juste dans une nouvelle annexe mais bien une nouvelle dimension. 
Par la fenêtre, bordant la jetée, ce sont les plages d'Italie, celles de "Ostia", où Passolini se fait assasiné. Cette mélancolie et cette voie solonelle magnifie dans la poésie le meurtre de ce génie, icône d'un esthétisme homosexuel assumé, le sublime et le romanise.

La garçonnière d'antant a été restaurée en atelier. L'électronique est leur instrument, mais le synthétique laisse place à l'acoustique échantilloné, sous une mutlitude de formes, pour autant de couleurs, conférant à leur musique une approche plus savante, plus grandiose... plus convenue ? Non, plus juste. Plus mélodique, rapprochant plus que jamais leur musique, avec ces structures ritual, de celle de leurs compatriotes et camarades des Current 93. Car "Babylero", cette comptine world, la marche "The Golden Section" ou l'excellente reprise à fleur de peau "Who By Fire" (de Cohen) sont moins industrial que neo-folk.
Leur sous-basements formateurs ont été augmenté d'expérience et de savoir faire. En résulte des titres ambiant et ritual maîtrisés : le cinématique "Ravenous", le bruitiste "Blood From The Air" ou l'hypnotisant, fascinant, organique, fataliste "The First Five Minute After Death". Les travaux sur la B.O. de "Hellraiser" n'auront donc pas été vains, s'ils ont permis d'offrir une telle pièce.

Pour finir le tour du propiétaire, notons ce "Penetralia", tour de magick, image réminisante au futur antérieure, ressemblant à s'y méprendre à de prochaines remix, surtout de celles offerte au père Reznor. Un truc qui ressemblent à tant d'autres choses à venir. Pour sa part, "Circles Of Mana", et ses cuivres swing, ses bruitismes bipolaires et ses déclamations d'aliénés, ne ressemblent à rien d'autre. Chic et réussi.
Vous l'aurez compris. Voici leur premier chef-d'oeuvre, une oeuvre d'une poésie fragile et maculée, un rêve pollué. 

A+
(putain que c'est beau)

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