jeudi 19 janvier 2023

Orelsan - (2009) Perdu D'Avance



Le Grand Jacques disait qu'Orly était triste le dimanche mais c'est probablement à Caen qu'on doit se faire le plus chier. Aurélien n'est pas encore Orelsan mais avec son petit groupe d'affociniados de hip-hop, ils écrivent et jouent dans leur coin. Le mec a 25 ans quand il publie sur MySpace ses premiers titres Ramen, Saint-Valentin, Sale Pute,... Second degré total mais flow imparable, lyrics grossières mais soignées, l'intérêt musical reste douteux, peu aidé par une production DIY. Nourris par la culture geek d'une époque où elle est encore une insulte, l'enfant des années 90 transpire toutes ses influences. Il continue à s'amuser (et sort, autre autre, un slam de Batman - ah si) et fini par lâcher le titre Changement, autrement plus sérieux à tout point de vue. Enfin repéré, il empile pour un premier album, Perdu D'Avance.

Largement influencé par le rap old school, l'album sera le plus "hardcore" (lol) de toute sa discographie. En atteste la première pièce Etoiles Invisibles et sa boucle de piano samplée mais, bien sûr, son refrain très pop. Seul morceau préservé de ses vertes années, Changement et son refrain imparable, au beat plombé qui contraste avec ce rap rapide (un peu comme l’exécutait un Nonstop) se montre sous des parures et arrangements bien plus affriolants. L'ensemble de l'album est d'ailleurs une vraie réussite dans sa production pure, l'ami Skread n'étant pas le dernier venu dans le milieu (je ne suis pas wikipedia).

Le niveau des textes est déjà un cran au dessus. Pas tant thématiquement, car le français, plein de spontanéité, nous y dépose sa jeunesse, sa ville, ses soirées, ses amis, ses déboires amoureux, le tout saupoudré de références à la pop culture du Club Do' et d'un maximum de punchlines vulgaires (car ça les puncher). Les déclas machistes (Pour Le Pire) répondent au trips égocentriques (Logo Dans Le Ciel, facile mais très bien ficelés littérairement), façonnant cette image gagnante de looser magnifique au syndrôme de Peter Pan. Le véritable talent du jeune homme repose sur sa plume pure, son flow savant, ses trouvailles d'écritures ingénieuses ou ses jeux de mots facétieux. Il serait d’ailleurs aisé d'omettre complètement la musique lors de l'écoute tant il y a de choses dites avec la manière. La composition, sur l'ensemble du disque, semble facile mais pas sans intérêt. Outre l’efficience des refrains entêtants, des arpèges du très 80's Perdu D'Avance ou encore du son Snoopo-doggo-Dr. Dre d'Entre Le Bien Et Le Mal on peut noter la sombre nappe de clavier sur No Life, la french touch d'une Soirées Ratées ou le presque chip tune 50 Pourcents.

On parle de ce débat autour d'Eminem ? Il n'y a pas : la comparaison est évidente. Rappeur blanc sur musique de renoi pour publique blanc. Maîtrise indécente du verbe et du débit. Second degré. Amour du hip-hop (l'instru Gangstarr d'un Courez, Courez) sur refrain de pop (mais sans pour autant leur dire stop à base de popopopop). Elle est évidente mais elle s'arrête là : les univers sont différents, l'époque mais la sensibilité également. 
Voilà un premier effort réussi, non sans quelques facilités ou gimmicks, varié et spontané, qui manque parfois de caractère mais pas de personnalité, ni d'humour slice of life. Plus qu'à espérer que le canais affine son propos et sa musique pour moins puérilités et de grivoiseries racoleuses. Heureusement, l'histoire prouvera qu'il se bonifie avec le temps comme une bonne huit-six.

B
(j'sais pas qui c'est ton rappeur préféré mais sache qu'il est meilleur que lui)

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