dimanche 29 janvier 2023

Converge - (2009) Axe To Fall


Six albums en quinze ans de carrière ; un presque sans faute dont un chef-d'oeuvre, de ceux qui redéfinissent les codes dans un genre pourtant compacte ; une suite spirituelle à la hauteur et cette dernière galette en forme de synthèse, en signe de chant du signe. Avec ce dernier don, le quatuor de Salem semblait arriver en bout de cycle. Que faire après tant d'énergie dépenser pour la cause ? Il leur restait une cartouche, une idée, qui leur trottait en tête depuis un moment...

Un album de collaborations. L'idée n'est pas d'hier. Nombre d'artistes ou de maisons de disques se sont déjà lancés corps perdu (ou pas, en fait) dans l'entreprise pour s’acquitter d'un contrat, pour remplir les bacs, pour faire tourner la machine, sous couvert d'un petit plaisir coupable, comme on ferait un album de reprises ou de remix. Est-ce que les Converge seraient à court d'idée ? Non. Cela reste un album de leur mains, ils composent et jouent sur tout, parfois seuls. Ils ne forcent jamais la collaboration, usant des intervenants quand meilleur leur semble.

En solo, ils ne se refont pas : Dark Horse, cavalcade heavy défonce tout sur son passage et ouvre la voie, tambour battant. Plus loin, ils se remettent au sludge sur Worms will feed/Rats will feast (plus converge comme titre, tu meures d'un AVC) aux ambiances sudistes. Le labyrinthique Losing Battle ; le lumineux Dead Beat ou le terrain miné Slave Driver, avec ses rythmiques de charges explosives, confirment cependant qu'ils savent toujours s'y prendre.

Les collaborations sont quant à elles de différentes natures, par coup de pouce, que ça soit un solo inspiré comme celui de Sean Martin d'Hatebreed sur le survolté Reap What You Sow à tendance new-yorkaise (évidemment) , ou l'hadoken musical Cutter avec le chanteur d'Himsa, qui vient conversé avec un solo de guitare verbeux, mais encore la participation d'Uffe Cuderlund (Entombed/Morbid, rien de moins) sur le loudringue Wishing Well, puissant et efficace.

Parfois, l'osmose prend des traits plus racé, en témoigne Effigy avec les potos de Cave In, à la guitare entêtante et cinématographique. Notons Damages où la quatre cordes de Trivikrama Dasa de 108 apporte une touche rampante et claustrophobe. 
L'un des moments marquants restent la participation gothic country de Steve Von Till (des éminents Neurosis) sur Cruel Bloom où sa personnalité avale tout autour, malgré la participation d'autres acteurs folk. 
Dans la même logique, les excellents Genghis Torn et Trap Them contribuent à ce moment cathartique et suspendu (dans la poussière) qu'est la longue balade glauque Wretched World.

Au final, quel disque ! D'une grande variété, maîtrisé, à l'honnêteté presque étonnante mais sans faille. Restant l'oeuvre de ses géniteurs avant tout mais affichant une grande fraîcheur, Axe To Fall fait plus que réussir son paris, en évitant les pièges, en restant authentique, entériné par une liste d'invités de grandes classe, judicieuse. Une leçon. 

A
"Anytime anybody writes a song, that's one less thing that you can do and still be original. You can't come along and write "Iron Man" today. All the heavy riffs that are that simple are already taken. So, you've gotta find new riffs, and as more of those become taken, there's fewer places to go."
Kurt Ballou

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