dimanche 23 octobre 2022

Slipknot - (2004) Vol.3: The Subliminal Verses


Après un premier album rentré au panthéon du nu-metal (qu'on le veule ou non) et un second manifeste de noirceur, de haine et de pipi, les Slipknot étaient attendu au tournant, autant par leurs fans qui patientaient avant le retour du messie, que par les rageux qui entre-apercevait une nouvelle aubaine de cracher leur venin. Le résultat provoqua toutes les réactions attendues mais pas toujours dans le bon ordre. Car très rapidement, ce troisième volume affiche un changement de direction presque radicale et de sérieuses ambitions. Faisant feu de tout bois, le groupe se lance dans des structures plus alambiquées, des mélodies moins évidentes, une temporalité plus soignée. Les haters sont bien ennuyé de ne plus retrouver ce nu-metal si facilement concassable et les fans se sentent trahis. Que demander de plus ?

En témoigne ce Blister Exists à la batterie militarisante, le fulgurant Opium Of The People ou cet organique crescendo Three Nil, le groupe ne resucera pas sa formule mais a toujours l'intention d'en découdre. Les hurlements toujours plus maîtrisé de Corey Taylor, les riffs acérés et la batterie dantesque de Joey Jordisson (toujours aussi imposante jusqu'à l'excès, toujours aussi impériale) découpe ce maelström d'idées en cartouches empoisonnées à géométrie variable. En contre partie, la nonette nous livre quelques moments de recueillement tels le premier morceau, Prelude 3.0, balade résignée, un Circle à la mélodie soignée ou la balade industrielle de clôture Danger - Keep Away. L'occasion de parler de l'une des plus jolies audaces de l'album, le dyptique Vermillion. La première partie, un titre déstructuré, cathartique, à tiroir, pose une mélodie qui sera sublimée, quelque titres plus loin, dans un habillage électro-acoustique sensible, chœurs à l'appuis. Un contre pied total mais finement joué, un moment fort du LP. 

On parle bien de Slipknot. La violence et la hargne seront toujours leur marque de fabrique, ils ne les délaissent pas, il élargissent simplement leurs champs de vision. Une approche quelque fois étrange (sans aller jusqu'à dire expérimental) aux structures étonnantes, aux transitions parfois un peu abruptes, qui fournissent une atmosphère particulière à la plaque. Ce paroxysme sera atteint avec Pulse of the Maggots, qui sonne tel un pantin désarticulé peinturluré de toutes les nuances du rouge, gardant sa cohérence physique par quelque sorcellerie. 

Malgré quelques passages plus faibles (Welcome ou le bipolaire mais trop peu original The Nameless) la galette est une réelle réussite, qui demande plus de temps qu'un Iowa pour se révéler mais qui ne manque ni de morceaux efficaces, ni de bon moments. En affichant ce refus du surplace et l'envie de montrer l'étendue de sa personnalité, le groupe de Des Moines signe ici une missive ouverte à toutes personnes qui font siffler leurs oreilles.

A-
(definitively the pulse of the maggots)


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