mercredi 8 mars 2023

Prick - (1995) Prick


Après la longue et frustrante existence de Lucky Pierre, Kevin McMahon retrouve son ancien claviériste live et ami, un certain Trent Reznor. Kevin, toujours quelques titres sous le bras, et Trent, toujours aussi boulimique de travail, se retrouvent finalement en studio pour que le deuxième produise et distribue enfin l'album inaugural du premier. Le projet part inévitablement vers le rock industriel en vogue, sphère de compétence du fondateur de Nine Inch Nails.

Le duo n'aurait pas pu choisir un meilleur titre d'ouverture que ce Communiqué : l'écriture fine, à tiroir, ces changements de plans, ces saturations, le bruitisme, la déstructure, sont au service... d'une chanson. Car l'industrial de Prick est à ranger au côté des Outside de Bowie, des Year Zero de Nine Inch Nails (Riverhead), du Paradize d'Indochine ou encore de Stabbing Westward (particulièrement le single Animal et sa basse ensorcelée), c'est à dire des morceaux de rock avant tout, voire de pop-rock, avec des bruits bizarres.
Il  n'y a pas que sur ce titre que plâne l'ombre de Bowie. Déjà à l'époque de Lucky Pierre, McMahon ne pouvait que difficilement caché son influence (alors période Hunky Dory), bien que les sonorités électroniques ici présentes nous renvoient, de facto, à Outside ou Earthling (comme sur le quelque peu drum'n'bass Other People, où le backing vocal de Reznor se fait clairement audible). Outre Communiqué, Tough est un autre recyclage du premier groupe de l'interprète, transformé en cartouche indus évoquant l'Astonishing Panorama Of The Endtimes de Manson. Mais on retrouve également une touche Lucky Pierre au moment d'I Apologies ou de la balade No Fair Fight (qui finit en cacophonie désespérée).

Une seule chose empêche ce melting-pot décousu de s'effondré : le talent. Que cela soit la comptine camée Makebelieve, le punk-rock indus I Got It Bad ou les blues électro Crack, le bonhomme démontre un talent d'écriture éclatant, distillé à coup de breaks sentis, de mélodies superposées et de vocaux inspirés. Et même si les influences se font entendre, elles sont parfaitement digérées. La patte du producteur n'empiète jamais sur la vision de l'artiste : écrire des chansons. Un album de rock indus méconnu et, pourtant, un des meilleurs.

A
(et pas moins)

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