samedi 17 septembre 2022

Satyricon - (1994) The Shadowthrone

                                    La version remastérisée de 2021 ci-dessus sert de référence à cette chronique


Le froid opaque lance des lames sur les joues rougies à vif. Un manteau cotonneux habille la forêt et grisaille un ciel de jais. Les hurlements de la bise étouffent légèrement les pensées, les pulsions, autant de pêcher en éclosions. Les regrets et la dépression figent chaque mouvement en un geste solennel de mort. Les arbres et leur silence se font de plus en plus menaçant. Le long des souffles glacés se faufilent, en des mouvements amples comme l'éternité, une force fulgurante, plus vieille que le temps. Pour unique réponse, il ne reste qu'une voix écorchée pour pleurer.
Les cavalcades de guitares forment un mur venimeux sur lesquels viennent s’échouer quelques nappes ambiantes, chants liturgiques, arpèges de guitare électro-acoustique, rires surhumains, menaces,... Porté par une production largement supérieure, possédant une plus grande palette de textures et de reliefs et une maîtrise des divers outils en hausse évidente, les longs morceaux progressifs qui composent Shadowthrone jouissent d’un sens mélodique encore plus raffiné que par le passé. Ne vous trompez pas, cet album pourrait difficilement être plus black metal : moins ambiant, moins acoustique que le premier, ce second effort compense par son énergie misanthropique.

On nage en eaux sombres, entre un Enthrone Darkness Triumphant de Dimmu Borgir et une version black metal du Morningrise d’Opeth, avec sa rythmique lente, aux changements de tempo soignés. Des titres comme Hvite Krists død (à tiroir), Vikingland (guérrier) ou le majestueux The King of the Shadowthrone sont autant de moments de bravoures d’une caste supérieure.

Les sonorités médiévales et païennes ne sont pas perdues mais sont mieux digérées, plus subtiles. On perd certes le charme que la variété du premier LP avançait mais on gagne en technicité, en plastique et en justesse d’écriture. Une pièce maîtresse.

A
(comme un glaviot noir)

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